Jorge Luis Borges
« La durée de l’enfer » Genre de texte Contexte Notes Texte témoin
Dernier paragraphe d’une nouvelle en forme d’essai qui examine diverses conceptions de l’Enfer.
Borges 1899-1986.
Œuvres complètes, édition établie par J.P. Bernès, Paris, Gallimard, coll. de La Pléiade, 1993, I, p. 238.
P.-S. - À cet article purement documentaire, je puis ajouter un autre document: celui d'un rêve. J'ai rêvé que je sortais d'un autre rêve – peuplé de cataclysmes et de tumultes – et que je m'éveillais dans une pièce méconnaissable. L'aube pointait : une lumière générale stagnante définissait le pied du lit de fer, la chaise striée, la porte et la fenêtre fermées, la table nue. Je pensai avec effroi: «Où suis-je?» et je compris que je ne le savais pas. Je pensai: « Qui suis-je?  » et je ne pus me reconnaître. La crainte grandit en moi. Je pensai: cette veille désolée est déjà l'Enfer, cette veille sans but sera mon éternité. Je m'éveillai alors pour de bon: je tremblais.