Le courrier

Mon appartement était sombre, on n'avait pas allumé les lumières. Mon père y était assis. Auparavant, il m'avait annoncé qu'il faisait de l'anorexie. Dans ma pile de lettres, j'avais retrouvé une carte de lui qui m'informait de sa maladie. Elle était signée ainsi: le père Lacroix (le nom "Lacroix" était désigné par un dessin de croix). Mon père et ma mère demeuraient dans le même édifice que moi. J'étais heureuse de découvrir que j'avais beaucoup de malle cette journée-là. Cependant, j'étais déçue de constater que la seule chose intéressante était cette carte de mon père. J'espérais une lettre de mon correspondant du Centre Parthenais. Mon père m'avait regardé ouvrir mon courrier en souriant. Il fumait et buvait une bière. Je suis sortie dans le corridor et j'ai aperçu mon voisin Robert par l'ouverture de sa porte d'appartement mal fermée. L'ouverture était d'environ un pouce et je le voyais vêtu d'un jean et d'un t-shirt à manches courtes bleu marin. Il se préparait à manger. Puis sa porte s'est ouverte plus largement comme s'il voulait savoir ce qui se passait chez moi. Ma mère se trouvait avec moi lorsque je suis allée chercher mon courrier. Je ne croyais pas que toutes ces lettres qui dépassaient de ma boîte à malle étaient pour moi. Maman me les a tendues d'un air sarcastique. L'écriture sur la carte de mon père m'intriguait. Il s'agissait d'une grosse écriture alors que mon père écrit petit, en pattes de mouche.