Denis Thériault

L’iguane

Québec   2001

Genre de texte
roman

Contexte
Le narrateur, âgé d’environ 10 ans, a un ami, Luc, dont la mère est morte alors qu’il était tout petit. Ils se lient d’une amitié chargée d’onirisme et de fantaisie.

Texte témoin
Denis Thériault, L’iguane, Montréal, collection Romanichels, 2001, p. 73-74.




Rêve de Luc

Mer des fantasmes

Luc dit qu'il y a une suite, une séquence dans les rêves qu'émet l'iguane, que c'est comme un feuilleton quotidien où on joue le rôle principal. Lui, il renaît chaque nuit dans un monde aquatique. Il rêve qu'il est une espèce d'homme poisson, un triton parfaitement adapté à cet univers océanique. Et il porte un nom imprononçable: quelque chose qui ressemble à «Fngl». C'est ainsi en tout cas que l'appellent ses congénères, car Fngl n'est pas le seul triton du quartier. Dans cette voluptueuse mer des fantasmes évoluent d'autres êtres aquatiques, que Luc appelle «légers», par contraste avec nous autres, les «lourds», pauvres humains appesantis par la gravité de notre condition terrestre. Luc dit que les légers sont des pèlerins, des aventuriers ou de simples vagabonds. On Ies rencontre à la croisée de deux courants ou au détour d'un sentier liquide, et alors ils chantent et chassent ensemble, et disputent d'étourdissantes joutes natatoires, ou encore ils devisent de choses profondes dans les cavernes d'ondes où naissent les songes, où les formes abondent et se fondent. Ainsi s'expliquent les baragouinages et autres conversations humides qui pimentent son sommeil.

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