Virgile

L’Énéide

Rome   -19

Genre de texte
Épopée

Contexte
Le roi Latinus, inquiet des prodiges qui se multiplient sur son territoire lors de l’arrivée d’Énée, va consulter l’oracle de son père Faunus. Pour cela, il doit solliciter les rêves en dormant selon un rituel élaboré. Il apprend ainsi que sa fille unique épousera un étranger. Comme il arrive souvent, l’oracle est ambigu et les parents de la fille en feront chacun une interprétation différente: le père estimera que le gendre ainsi désigné est Énée, tandis que la mère croit qu’il s’agit de Turnus.

Notes
La pratique de l’incubation était déjà pratiquée dans l’ancienne Égypte. Elle consistait à se rendre dans un temple consacré à Esculape et à y dormir en espérant que le dieu visitera le malade durant son sommeil. Il suffira alors de décrire son rêve aux prêtres pour que ceux-ci en fassent l’interprétation. À l’époque de Virgile, il y avait dans le bassin méditerranéen plus de cinq cents temples voués à cette pratique d’incubation.

Texte original

Texte témoin
Énéide, 7,85-105. Texte et traduction extraits de Itineraria electronica.

Bibliographie
Jean Bouquet, Le songe dans l’épopée latine d’Ennius à Claudien, Bruxelles, Labor, 2001.




Songe de Latinus

Une pratique d’incubation

C’est ici que les peuples d’Italie et toute la terre d’Oenotrie viennent chercher des réponses à leurs doutes. Lorsque le prêtre a apporté ses offrandes et s’est couché, dans la nuit silencieuse, sur les peaux étendues des brebis immolées, puis s’est endormi, il voit maints fantômes volant d’étrange façon; il entend diverses voix, converse avec les dieux, et parle à l’Achéron dans les profondeurs de l’Averne. Ici, le vénérable Latinus lui aussi, en quête de réponses, immola selon le rite cent brebis laineuses, âgées de deux ans, et se coucha, reposant sur leurs toisons jetées à terre. Une voix soudaine est alors renvoyée du fond du bois: «Ne cherche pas à unir ta fille en des noces latines, ô mon fils; ne te fie pas à l’union qu’on lui a préparée. De l’étranger viendront des gendres, dont le sang portera notre nom jusqu’aux astres. Nés de leur souche, nos descendants verront, soumis à leurs lois et tournant sous leurs pieds, l’univers entier qu’aperçoit le soleil dans sa course éternelle d’un Océan à l’autre». Ces réponses et les conseils reçus de son père Faunus dans la nuit silencieuse, Latinus ne les tint pas pour lui.

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