Théophile Gautier

« Le pied de momie »

France   1840

Genre de texte
nouvelle

Contexte
Le rêve occupe la presque totalité de la nouvelle.

Un homme achète, dans un capharnaüm, un pied de momie ayant appartenu à une princesse égyptienne. Ce soir-là, de retour à la maison, il s'endort et fait un rêve.


Smithsonian Institution. Washington.

Notes
Les notes qui suivent sont tirées de Marc Eigeldinger (selon l'édition Garnier-Flammarion, 1981)

Paraschites: prêtres qui pratiquaient la momification durant le Nouvel Empire.

Hermonthis : nom d'une ville de l'ancienne Égypte, située près de Thèbes, consacrée au culte du dieu Mentou. Elle est aujourd'hui nommée Erment.

Amani : «dangereuse prêtresse», selon Gauthier dans « Les Bayadères », Caprices et zigzags.

syringes: nom grec des tombes royales d'Égypte pharaonique, creusées dans le roc en forme de « tuyau » (PR).

Thabebs: chaussures de liège.

Amenthi: séjour où les âmes se rendent après la mort afin d'être jugées par Osiris et ses juges.

Tau: instrument sacré en forme de tau grec que certaines divinités égyptiennes portaient à la main. Cet objet est, selon Gauthier, un emblème d'immortalité (prologue du Roman de la momie).

Pedum: sceptre attribué à la plupart des dieux.

Bari: embarcation qui transporte l'âme du défunt vers l'Amenthi pour y subir le jugement.

Pschent: coiffure des pharaons, formée des couronnes de Haute et de Basse-Égypte emboîtées.

Tubal Caïn: personnage désigné dans la Genèse (4 : 21) parmi les descendants de Caïn; toutefois, Xixouthros ne se trouve pas parmi les descendants de Noé.

Kémé et Nahasi: races noires du Haut-Nil, qui fournissaient les esclaves à l'ancienne Égypte » (Marc Eigeldinger).

Commentaires
Comme le note Jean-Daniel Gollut : «En fait, dans la plupart des cas, l'univers onirique apparaît plutôt comme un hybride: ni complètement étranger au monde actuel du sujet, ni tout à fait adéquat aux dispositions fondamentales de ce ‹réel›. Il s'y retrouve des lieux, des personnages (à commencer par le rêveur lui-même), des ituations qui correspondent bel et bien aux attendus de la vie éveillée; mais cette conformité se voit tôt ou tard compromise par l'écart qu'y introduit l'apparition d'une donnée aberrante, inconciliable avec les conditions de référence du monde actuel du personnage.»

Texte témoin
Théophile Gautier, « Le pied de momie », Romans et contes, Paris, Fasquelle, 1906, p. 404-414.

Édition originale
Théophile Gautier, « Le pied de momie », dans Musée des familles, 1840.

Édition critique
Théophile Gautier, « Le pied de momie », Récits fantastiques, éd. Marc Eigeldinger, Paris, Garnier-Flammarion, 1981, p. 184-193.

Théophile Gautier, « Le pied de momie », OEuvres, éd. Paolo Tortonese, Paris, Robert Laffont, (coll. « Bouquins »), 1995, p. 660-666.




Le pied de la belle momie Hermonthis

Une figurine de pâte verte

Quand je revins le soir, le cerveau marbré de quelques veines de gris de perle, une vague bouffée de parfum oriental me chatouilla délicatement l'appareil olfactif; la chaleur de la chambre avait attiédi le natrum, le bitume et la myrrhe dans lesquels les paraschites* inciseurs de cadavres avaient baigné le corps de la princesse; c'était un parfum doux quoique pénétrant, un parfum que quatre mille ans n'avaient pu faire évaporer.
Le rêve de l'Égypte était l'éternité : ses odeurs ont la solidité du granit, et durent autant.
Je bus bientôt à pleines gorgées dans la coupe noire du sommeil; pendant une heure ou deux tout resta opaque, l'oubli et le néant m'inondaient de leurs vagues sombres.
Cependant mon obscurité intellectuelle s'éclaira, les songes commencèrent à m'effleurer de leur vol silencieux.
Les yeux de mon âme s'ouvrirent, et je vis ma chambre telle qu'elle était effectivement : j'aurais pu me croire éveillé, mais une vague perception me disait que je dormais et qu'il allait se passer quelque chose de bizarre.
L'odeur de la myrrhe avait augmenté d'intensité, et je sentais un léger mal de tête que j'attribuais fort raisonnablement à quelques verres de vin de Champagne que nous avions bus aux dieux inconnus et à nos succès futurs.
Je regardais dans ma chambre avec un sentiment d'attente que rien ne justifiait; les meubles étaient parfaitement en place, la lampe brûlait sur la console, doucement estampée par la blancheur laiteuse de son globe de cristal dépoli; les aquarelles miroitaient sous leur verre de Bohême; les rideaux pendaient languissamment : tout avait l'air endormi et tranquille.
Cependant, au bout de quelques instants, cet intérieur si calme parut se troubler, les boiseries craquaient furtivement; la bûche enfouie sous la cendre lançait tout à coup un jet de gaz bleu, et les disques des patères semblaient des yeux de métal attentifs comme moi aux choses qui allaient se passer.
Ma vue se porta par hasard vers la table sur laquelle j'avais posé le pied de la princesse Hermonthis*.
Au lieu d'être immobile comme il convient à un pied embaumé depuis quatre mille ans, il s'agitait, se contractait et sautillait sur les papiers comme une grenouille effarée : on l'aurait cru en contact avec une pile voltaïque; j'entendais fort distinctement le bruit sec que produisait son petit talon, dur comme un sabot de gazelle.
J'étais assez mécontent de mon acquisition, aimant les serre-papiers sédentaires et trouvant peu naturel de voir les pieds se promener sans jambes, et je commençais à éprouver quelque chose qui ressemblait fort à de la frayeur.
Tout à coup je vis remuer le pli d'un de mes rideaux, et j'entendis un piétinement comme d'une personne qui sauterait à cloche-pied. Je dois avouer que j'eus chaud et froid alternativement; que je sentis un vent inconnu me souffler dans le dos, et que mes cheveux firent sauter, en se redressant, ma coiffure de nuit à deux ou trois pas.
Les rideaux s'entrouvrirent, et je vis s'avancer la figure la plus étrange qu'on puisse imaginer.
C'était une jeune fille, café au lait très foncé, comme la bayadère Amani *, d'une beauté parfaite et rappelant le type égyptien le plus pur; elle avait des yeux taillés en amande avec des coins relevés et des sourcils tellement noirs qu'ils paraissaient bleus, son nez était d'une coupe délicate, presque grecque pour la finesse, et l'on aurait pu la prendre pour une statue de bronze de Corinthe, si la proéminence des pommettes et l'épanouissement un peu africain de la bouche n'eussent fait reconnaître, à n'en pas douter, la race hiéroglyphique des bords du Nil.
Ses bras minces et tournés en fuseau, comme ceux des très jeunes filles, étaient cerclés d'espèces d'emprises de métal et de tours de verroterie; ses cheveux étaient nattés en cordelettes, et sur sa poitrine pendait une idole en pâte verte que son fouet à sept branches faisait reconnaître pour l'Isis, conductrice des âmes; une plaque d'or scintillait à son front, et quelques traces de fard perçaient sous les teintes de cuivre de ses joues.
Quant à son costume il était très étrange.
Figurez-vous un pagne de bandelettes chamarrées d'hiéroglyphes noirs et rouges, empesés de bitume et qui semblaient appartenir à une momie fraîchement démaillotée.
Par un de ces sauts de pensée si fréquents dans les rêves, j'entendis la voix fausse et enrouée du marchand de bric-à-brac, qui répétait, comme un refrain monotone, la phrase qu'il avait dite dans sa boutique avec une intonation si énigmatique :
« Le vieux Pharaon ne sera pas content; il aimait beaucoup sa fille, ce cher homme ».
Particularité étrange et qui ne me rassura guère, l'apparition n'avait qu'un seul pied, l'autre jambe était rompue à la cheville.
Elle se dirigea vers la table où le pied de momie s'agitait et frétillait avec un redoublement de vitesse. Arrivée là, elle s'appuya sur le rebord, et je vis une larme germer et perler dans ses yeux.
Quoiqu'elle ne parlât pas, je discernais clairement sa pensée : elle regardait le pied, car c'était bien le sien, avec une expression de tristesse coquette d'une grâce infinie; mais le pied sautait et courait çà et là comme s'il eût été poussé par des ressorts d'acier.
Deux ou trois fois elle étendit sa main pour le saisir, mais elle n'y réussit pas.
Alors il s'établit entre la princesse Hermonthis et son pied, qui paraissait doué d'une vie à part, un dialogue très bizarre dans un cophte très ancien, tel qu'on pouvait le parler, il y a une trentaine de siècles, dans les syringes * du pays de Ser : heureusement que cette nuit-là je savais le cophte en perfection.
La princesse Hermonthis disait d'un ton de voix doux et vibrant comme une clochette de cristal :
« Eh bien ! mon cher petit pied, vous me fuyez toujours, j'avais pourtant bien soin de vous. Je vous baignais d'eau parfumée, dans un bassin d'albâtre; je polissais votre talon avec la pierre-ponce trempée d'huile de palmes, vos ongles étaient coupés avec des pinces d'or et polis avec de la dent d'hippopotame, j'avais soin de choisir pour vous des thabebs* brodés et peints à pointes recourbées, qui faisaient l'envie de toutes les jeunes filles de l'Égypte; vous aviez à votre orteil des bagues représentant le scarabée sacré, et vous portiez un des corps les plus légers que puisse souhaiter un pied paresseux ».
Le pied répondit d'un ton boudeur et chagrin :
« Vous savez bien que je ne m'appartiens plus, j'ai été acheté et payé; le vieux marchand savait bien ce qu'il faisait, il vous en veut toujours d'avoir refusé de l'épouser : c'est un tour qu'il vous a joué.
« L'Arabe qui a forcé votre cercueil royal dans le puits souterrain de la nécropole de Thèbes était envoyé par lui, il voulait vous empêcher d'aller à la réunion des peuples ténébreux, dans les cités inférieures. Avez-vous cinq pièces d'or pour me racheter ?
— Hélas ! non. Mes pierreries, mes anneaux, mes bourses d'or et d'argent, tout m'a été volé, répondit la princesse Hermonthis avec un soupir.
— Princesse, m'écriais-je alors, je n'ai jamais retenu injustement le pied de personne : bien que vous n'ayez pas les cinq louis qu'il m'a coûté, je vous le rends de bonne grâce; je serais désespéré de rendre boiteuse une aussi aimable personne que Hermonthis ».
Je débitai ce discours d'un ton régence et troubadour qui dut surprendre la belle Égyptienne.
Elle tourna vers moi un regard chargé de reconnaissance, et ses yeux s'illuminèrent de lueurs bleuâtres.
Elle prit son pied, qui, cette fois, se laissa faire, comme une femme qui va mettre son brodequin, et l'ajusta à sa jambe avec beaucoup d'adresse.
Cette opération terminée, elle fit deux ou trois pas dans la chambre, comme pour s'assurer qu'elle n'était réellement plus boiteuse. « Ah ! comme mon père va être content, lui qui était si désolé de ma mutilation, et qui avait, dès le jour de ma naissance, mis un peuple tout entier à l'ouvrage pour me creuser un tombeau si profond qu'il pût me conserver intacte jusqu'au jour suprême où les âmes doivent être pesées dans les balances de l’Amenthi*.
« Venez avec moi chez mon père, il vous recevra bien, vous m'avez rendu mon pied ».
Je trouvai cette proposition toute naturelle; j'endossai une robe de chambre à grands ramages, qui me donnait un air très pharaonesque; je chaussai à la hâte des babouches turques, et je dis à la princesse Hermonthis que j'étais prêt à la suivre.
Hermonthis, avant de partir, détacha de son col la petite figurine de pâte verte et la posa sur les feuilles éparses qui couvraient la table.
« Il est bien juste, dit-elle en souriant, que je remplace votre serre-papier ». Elle me tendit sa main, qui était douce et froide comme une peau de couleuvre, et nous partîmes.
Nous filâmes pendant quelque temps avec la rapidité de la flèche dans un milieu fluide et grisâtre, où des silhouettes à peine ébauchées passaient à droite et à gauche.
Un instant, nous ne vîmes que l'eau et le ciel.
Quelques minutes après, des obélisques commencèrent à pointer, des pylônes, des rampes côtoyées de sphinx se dessinèrent à l'horizon.
Nous étions arrivés.
La princesse me conduisit devant une montagne de granit rose, où se trouvait une ouverture étroite et basse qu'il eût été difficile de distinguer des fissures de la pierre si deux stèles bariolées de sculptures ne l'eussent fait reconnaître.
Hermonthis alluma une torche et se mit à marcher devant moi.
C'étaient des corridors taillés dans le roc vif; les murs, couverts de panneaux d'hiéroglyphes et de processions allégoriques, avaient dû occuper des milliers de bras pendant des milliers d'années; ces corridors, d'une longueur interminable, aboutissaient à des chambres carrées, au milieu desquelles étaient pratiqués des puits, où nous descendions au moyen de crampons ou d'escaliers en spirale; ces puits nous conduisaient dans d'autres chambres, d'où partaient d'autres corridors également bigarrés d'éperviers, de serpents roulés en cercle, de tau*, de pedum*, de bari* mystiques, prodigieux travail que nul œil vivant ne devait voir, interminables légendes de granit que les morts avaient seuls le temps de lire pendant l'éternité.
Enfin, nous débouchâmes dans une salle si vaste, si énorme, si démesurée, que l'on ne pouvait en apercevoir les bornes; à perte de vue s'étendaient des files de colonnes monstrueuses entre lesquelles tremblotaient de livides étoiles de lumière jaune : ces points brillants révélaient des profondeurs incalculables,
La princesse Hermonthis me tenait toujours par la main et saluait gracieusement les momies de sa connaissance.
Mes yeux s'accoutumaient à ce demi-jour crépusculaire, et commençaient à discerner les objets.
Je vis, assis sur des trônes, les rois des races souterraines : c'étaient de grands vieillards secs, ridés, parcheminés, noirs de naphte et de bitume, coiffés de pschents* d'or, bardés de pectoraux et de hausse-cols, constellés de pierreries avec des yeux d'une fixité de sphinx et de longues barbes blanchies par la neige des siècles : derrière eux, leurs peuples embaumés se tenaient debout dans les poses roides et contraintes de l'art égyptien, gardant éternellement l'attitude prescrite par le codex hiératique; derrière les peuples miaulaient, battaient de l'aile et ricanaient les chats, les ibis et les crocodiles contemporains, rendus plus monstrueux encore par leur emmaillotage de bandelettes.
Tous les Pharaons étaient là, Chéops, Chephrenès, Psammetichus, Sésostris, Amenoteph; tous les noirs dominateurs des pyramides et des syringes; sur une estrade plus élevée siégeaient le roi Chronos et Xixouthros, qui fut contemporain du déluge, et Tubal Caïn*, qui le précéda.
La barbe du roi Xixouthros avait tellement poussé qu'elle avait déjà fait sept fois le tour de la table de granit sur laquelle il s'appuyait tout rêveur et tout somnolent.
Plus loin, dans une vapeur poussiéreuse, à travers le brouillard des éternités, je distinguais vaguement les soixante-douze rois préadamites avec leurs soixante-douze peuples à jamais disparus.
Après m'avoir laissé quelques minutes pour jouir de ce spectacle vertigineux, la princesse Hermonthis me présenta au Pharaon son père, qui me fit un signe de tête fort majestueux.
« J'ai retrouvé mon pied ! j'ai retrouvé mon pied ! criait la princesse en frappant ses petites mains l'une contre l'autre avec tous les signes d'une joie folle, c'est monsieur qui me l'a rendu ».
Les races de Kemé, les races de Nahasi*, toutes les nations noires, bronzées, cuivrées, répétaient en chœur :
« La princesse Hermonthis a retrouvé son pied ».
Xixouthros lui-même s'en émut :
Il souleva sa paupière appesantie, passa ses doigts dans sa moustache, et laissa tomber sur moi son regard chargé de siècles.
« Par Oms, chien des enfers, et par Tmeï, fille du Soleil et de la Vérité, voilà un brave et digne garçon, dit le Pharaon en étendant vers moi son sceptre terminé par une fleur de lotus.
« Que veux-tu pour ta récompense » ?
Fort de cette audace que donnent les rêves, où rien ne paraît impossible, je lui demandai la main d'Hermonthis : la main pour le pied une récompense antithétique d'assez bon goût.
Le Pharaon ouvrit tout grands ses yeux de verre, surpris de ma plaisanterie et de ma demande.
« De quel pays es-tu et quel est ton âge ?
— Je suis Français, et j'ai vingt-sept ans, vénérable Pharaon.
— Vingt-sept ans ! et il veut épouser la princesse Hermonthis, qui a trente siècles ! s'écrièrent à la fois tous les trônes et tous les cercles des nations ».
Hermonthis seule ne parut pas trouver ma requête inconvenante.
« Si tu avais seulement deux mille ans, reprit le vieux roi, je t'accorderais bien volontiers la princesse, mais la disproportion est trop forte, et puis il faut à nos filles des maris qui durent, vous ne savez plus vous conserver : les derniers qu'on a apportés il y a quinze siècles à peine, ne sont plus qu'une pincée de cendre; regarde, ma chair est dure comme du basalte, mes os sont des barres d'acier.
« J'assisterai au dernier jour du monde avec le corps et la figure que j'avais de mon vivant; ma fille Hermonthis durera plus qu'une statue de bronze.
« Alors le vent aura dispersé le dernier grain de ta poussière, et Isis elle-même, qui sut retrouver les morceaux d'Osiris, serait embarrassée de recomposer ton être.
« Regarde comme je suis vigoureux encore et comme mes bras tiennent bien », dit-il en me secouant la main à l'anglaise, de manière à me couper les doigts avec mes bagues.
Il me serra si fort que je m'éveillai, et j'aperçus mon ami Alfred qui me tirait par le bras et me secouait pour me faire lever.
« Ah çà ! enragé dormeur, faudra-t-il te faire porter au milieu de la rue et te tirer un feu d'artifice aux oreilles ?
« Il est plus de midi, tu ne te rappelles donc pas que tu m'avais promis de venir me prendre pour aller voir les tableaux espagnols de M. Aguado?
— Mon Dieu ! je n'y pensais plus, répondis-je en m'habillant; nous allons y aller : j'ai la permission ici sur mon bureau ».
Je m'avançai effectivement pour la prendre; mais jugez de mon étonnement lorsqu'à la place du pied de momie que j'avais acheté la veille, je vis la petite figurine de pâte verte mise à sa place par la princesse Hermonthis !

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