Jean-Pierre Camus

Palombe ou La femme honnorable : histoire catalane

France   1625

Genre de texte
Roman

Contexte
Le rêve se situe dans le livre 2 du roman qui contient 6 livres.

La journée de noces de Fulgent et Palombe est marquée par de nombreux événements tragiques. Au cours d’un combat de taureaux, plusieurs invités sont blessés. Parmi eux se trouve Glaphire dont Fulgent tombe passionnément amoureux sans le dire à sa future épouse. Ce rêve que fait Palombe lors de la nuit de noces révèle l’amour de Fulgent pour Glaphire, dont le jeune homme se sent coupable.

Texte original

Texte témoin
Paris : C. Chappelet, 1625, p. 133-134.




Vision de Palombe

Pressentiments d’une épouse

D’autre côté, Palombe ayant l’imagination toute occupée des frayeurs qui l’avaient saisie durant tout le jour, et ces impressions du feu, des précipices, des glaives, des plaies du sang, des morts, des cris, de la confusion, des plaintes, des soupçons, des vengeances, des désespoirs, des pleurs, des fracas, des combats, des désordres qui avaient joué sur le théâtre de cette fête, non de feintes, mais de véritables tragédies, non seulement ne pouvait trouver de repos ni de soulagement à ses peines entre les bras de son cher Fulgent, mais aussitôt que le sommeil voulait appesantir sa paupière, elle était réveillée par des spectres étranges, par des terreurs paniques, de sorte que criant et se lamentant à tout propos elle pensait qu’on lui ravît son amour. Les feux, les larrons, les taureaux, occupaient toute sa pensée, et mille autres monstres nouveaux la tenaient sans cesse oppressée.

Elle avait autrefois ouï parler de certains oiseaux fabuleux, appelés harpies, animaux à visages de femmes, béants après la proie et toujours ensanglantés; entre le veiller et le dormir, elle rêva qu’un animal de cette forme se paissait du cœur de Fulgent, qui après la perte de son cœur, ne laissait pas de vivre et de lui dire : «Voyez Palombe, vous n’avez plus que mon corps, car cette bête dévore mon cœur.» Soudain en dissipant cette importune vision, elle la raconta à son époux, qui n’en connut que trop l’interprétation, et vit bien que les songes ne sont pas toujours des mensonges, cela lui donnait de grands remords et lui faisait voir assez clairement que tous ces malheurs qui lui étaient arrivés n’étaient que les justes châtiments de sa perfidie et de son ingratitude

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