Anonyme

Moniage Guillaume

France   1150

Genre de texte
Chanson de geste

Contexte
Chanson de geste du XIIe siècle appartenant au Cycle de Guillaume d’Orange, et dont on connaît deux versions. De l’une de celles-ci – possiblement la plus ancienne –, moins d’un millier de vers nous sont parvenus. L’autre version (6 629 vers) semble complète. Le récit tourne autour de la décision prise par Guillaume d’Orange, après le décès de son épouse Guibourc et à la suite d’un songe, de laisser le siècle et d’expier ses péchés. Après l’échec de sa tentative de se faire accepter comme leur égal par les moines du monastère dans lequel il comptait finir ses jours au service de Dieu (le monastère de Gênes, selon la version incomplète de la chanson, ou le monastère d’Aniane, selon l’autre version), Guillaume se retire dans un ermitage duquel il ne sortira jamais (sauf quand il sera enlevé par les Sarrasins, et quand le service du roi Louis l’exigera), et il y mourra en odeur de sainteté. Exaspérés par la présence du comte Guillaume, dont l’arrivée parmi eux est venue perturber leur vie placide, les moines de Gênes-sur-Mer décident de se débarrasser de lui. L’abbé du monastère force donc Guillaume à traverser une région infestée de brigands, dans l’espoir qu’ils le tueront. C’est cependant le contraire qui se produit : le comte tue les brigands, et retourne au monastère chargé d’un butin. L’amertume dans l’âme, car il a compris la mauvaise foi des moines, le comte Guillaume s’endort. Pendant son sommeil, il reçoit la visite d’un ange qui lui ordonne de devenir ermite dans un endroit désert près de Montpellier.

Notes
Deuxième songe de Guillaume d’Orange selon la version incomplète du Moniage Guillaume.

Texte original

Texte témoin
Édité par Wilhelm Cloetta, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1906, tome premier, vers 820-839 et 848-853.




Songe prescriptif

Il doit se faire ermite

Cette nuit-lĂ , le redoutable Guillaume dormit.
Voici qu’un ange apparut, envoyé par Dieu,
[Et] Il dit Ă  Guillaume : « N’aie pas peur!
Je t’apporte des ordres du Dieu glorieux qui est au Ciel :
À la naissance du jour, demande à l’abbé la permission de partir,
Prends ton haubert et ton épée en acier,
Toutes tes armes – n’en laisse aucune [ici] –,
Monte [ton cheval], va sans perdre de temps
Directement vers les terres désertes auprès de Montpellier.
[LĂ ] Au milieu des terrains incultes,
près d’une pente abrupte et dangereuse,
Il y a une fontaine auprès d’un rocher.
Jamais un chrétien n’y vécut un seul jour,
Sauf un ermite qui est mort avant-hier :
Des Sarrasins scélérats le coupèrent en morceaux.
LĂ  tu trouveras une demeure et une chapelle.
Deviens ermite, c’est la volonté du Dieu. »
Et Guillaume dit : « Je ne veux pas attendre davantage. »
L’ange s’en va, et, à l’arrivée de l’aube,
Le comte Guillaume demanda à l’abbé la permission de partir.
Et celui-ci s’empressa de la lui donner. […]
Alors s’en va le redoutable Sire Guillaume
Directement vers les terres désertes près de Montpellier.
Auprès de la fontaine, près du rocher,
Il trouve une habitation et une chapelle.
Les Sarrasins les avaient toutes ravagées.
Guillaume y entre.

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