Anonyme

Roland à Saragosse

France   1100

Genre de texte
Chanson de geste

Contexte
Poème héroï-comique, en langue d’oc, découvert en 1912 et dont on possède dix-huit laisses (1410 vers). Le début du poème est perdu.

À la demande de Bramimonde, la reine de Saragosse, Roland pénètre tout seul dans la ville sarrasine. Son refus de permettre à Olivier de l’accompagner cause un froid entre les deux héros. Olivier ne refuse cependant pas son aide à Roland quand celui-ci, lors de son retour, se trouve dans une situation difficile.

Afin de montrer que son savoir-faire n’est pas inférieur à celui de Roland, Olivier abandonne secrètement le camp français avec l’intention de piller un château et un convoi sarrasins.

À son retour, Roland, qui apporte le manteau de la reine Bramimonde comme preuve de son succès, reçoit de Charlemagne l’ordre de retrouver Olivier. Après nombre de péripéties, les deux héros se réconcilient. [Dictionnaire des Lettres Françaises. Le Moyen Âge. Édition entièrement revue et mise à jour sous la direction de Geneviève Hasenohr et Michel Zinc, Paris : Fayard, 1992, pages 1305-1306.]

Notes
H.-E. Keller suggère que le cerf représente la sainteté que Roland s’est acquise dans sa lutte contre les païens; il rappelle que, dans la légende de sainte Idda, celle-ci reçoit la visite d’un cerf rapide qui portait dans ses bois douze cierges.

Texte original

Texte témoin
Dans Le Roland Occitan. Édition et traduction de Gérard Gouiran et Robert Lafont. 10/18, Série «Bibliothèque médiévale» dirigée par Paul Zumthor. Paris: Christian Bourgois Éditeur, 1991, laisse II, vers 13-31.




Rêve de Charlemagne

Un faucon lui arrache la barbe

Il y a neuf jours, Roland parti,
alors que j'étais couché au lit ici dedans,
je fis un rêve merveilleux, extraordinaire.
Parmi les tentes survenait un cerf courant;
à chaque ramure il portait quatre cierges allumés;
vingt mille hommes qui le suivaient
portaient entre eux tous un corps à cette mesure;
il y avait une foule d'évêques chantant la messe
qui précédaient le corps en psalmodiant
avec une grande croix d'or et un encensoir d'argent.
Ils s'avançaient tous en procession.
Après cela venait un faucon volant.
Il se posa sur le gant de mon poing
et se mit à m'arracher la barbe;
il m'enleva bien la moitié des poils.
Du ciel tomba une flamme si grande
qu'elle brûla mes tentes et dehors et dedans.
De ce rêve je m'épouvante encore,
je ne sais que faire: j'ai peur pour Roland.»

Page d'accueil

- +