Sami Tchak

Le Paradis des chiots

Togo   2006

Genre de texte
roman

Contexte
Ce rêve se trouve dans «Ernesto raconte 5». Ernesto a passé la journée en compagnie de Riki et de Laura. Mais au cours de la journée, Juanito vient leur ravir Laura. Par la suite, Riki fait alliance avec Juanito et tous deux forment avec Laura un ménage à trois. Frustré d’être rejeté, Ernesto rentre chez lui. Une fois à la maison, il s’endort et rêve de retrouver Laura, la femme désirée, dans la cabane et de lui demander si elle veut faire l’amour.

Texte témoin
Le Paradis des chiots, Paris: Mercure de France, 2006, p. 168-169.




Rêve d’Ernesto

Oedipien

Un moustique a eu l’honneur de bourdonner à mon oreille droite et j’ai ressenti un violent mal de tête, bzz ! et j’ai toussé trois fois alors que mon front pissait de la sueur, on m’aurait cru malade, et tout a commencé à se mélanger les pédales dans ma tête, jusqu’au moment où je suis entré dans la cabane sans avoir touché la porte fermée à clé, alors qu’on l’a toujours fermée avec un cadenas, je suis entré donc dans la cabane sans avoir ouvert la porte, sans que je sache comment j’ai fait pour y entrer comme les souris qui nous mangeaient souvent les pieds jusqu’au sang et j’ai cru que je me suis jeté sur le matelas, avant de me rendre compte que je suis trompé, que Laura est arrivée dans la cabane avant moi, qu’elle s’est couchée sur le matelas, qu’elle aussi a réussi à entrer dans la cabane sans avoir ouvert la porte fermée de l’extérieur avec un cadenas ou une clé, je ne me souviens plus. J’ai dit, je pense, Laura, donc tu es venue, tu n’es pas avec Juanito, et où est Riki ? Elle était je ne sais plus en string rouge, et elle s’est mise à couiner, j’ai dit, Tu veux ? Et je lui ai dit avoir vu une pute au fourneau si brûlant à qui j’ai oublié de dire Bonne nuit la vache parce qu’elle était dans sa cabane avec un monsieur ventru et chauve et que je n’avais pas de fric pour aller dire au monsieur de s’occuper de ses oignons. Laura a ôté, je pense, je le crois, son string et j’ai revu le feu dans le fourneau, je veux dire les braises rougeoyantes, et j’ai dit, Laura tu veux ? Je lui ai dit que les fourneaux, ce n’est pas que je les haïssais, mais qu’on y grille du maïs. J’ai dit, Laura, tu veux ? L’odeur du maïs grillé a alors envahi la cabane et quelqu’un s’est mis à hurler, sûr que ce n’était pas Laura, puisque j’ai réussi à lui demander encore, Laura, tu veux ? Elle a hurlé, Je suis Linda, ta mère. Alors, j’ai dit: «Je vais te faire quand même, je vais te faire, je dois te faire…»
Je pense que c’est l’arrivée de maman qui a coupé le cou à mon rêve, à mon délire, parce que Oscar, tu l’as compris, depuis le bzz ! du moustique à mon oreille, qui était réel, le bzz ! il s’agit d’un rêve.

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