Noëlle Revaz

Rapport aux bêtes

Suisse   2002

Genre de texte
roman

Contexte
Paul, un paysan, pense surtout à ses bêtes, et n’a presque pas de rapports avec sa femme qu'il appelle Vulve. Mais arrive Georges, un ouvrier portugais, venu comme saisonnier. Il aide Paul aux travaux de la ferme et aussi à mieux se comporter envers Vulve. Mais Georges tombe amoureux de Claudie, une des rares femmes du village. Belle, Claudie joue quelquefois avec Georges en présence de Paul et au moment des travaux dans le champ.

Notes
Paul raconte les rêves qu’il fait la nuit à propos de Claudie.

Texte témoin
Noëlle Revaz vit à Lausanne.




Rêve de Paul

Le bout des fruits

De toutes ces nuits que je passe à me reposer du labeur, du soin suant du fermier, il y a cette Claudie qui entre et qui revient s'emmêler, à toutes les heures des ténèbres, à me venir réveiller, à m'emberlificoter dans mes rêves et agacer jusqu'à ce qu'elle fasse ouvrir l'œil à plus pouvoir refermer. C'est des fois Georges qui l'amène, dans la terre Georges qui demande à ce qu'on vienne regarder, qu'on voie juste comme ils procèdent dans leur plus simple attelage pour se serrer et se prendre.

«Non c'est assez», je m'écrie, une fois ayant ouvert l'œil, et le sommeil d'éclair fuit et c'est foutu pour le somme et la tranquillité d'âme qui, si elle dépend d'elle-même, compte beaucoup sur le corps. C'est pour ça qu'au petit jour, quand Georges martèle sur le seuil qu'on vienne du dedans ouvrir pour qu'il déjeune, je réponds pas sereinement à son salut amical et j'ai comme parfois l'air d'être mordu de la rage.

Elle arrive là par exemple quand on se fourre dans son rêve et elle dit qu'elle voudrait traire, ce qui lui est pas permis, et elle monte les bêtes à cheval et elle me baise. Aussi elle couche dans mon lit, comme le vieux temps conjugal, et je refuse qu'elle dise oui et qu'elle m'enfile à la gorge la langue qui coupe comme l'herbette qu'on suce des fois dans les champs. Ou bien chez les petits elle dort, Georges lui apporte une robe nue qui montre dans la peau les taches, comme au réel, et sous mon œil il y a que le bout, le bout des fruits qui se dévoile et je tiens fort des deux mains, mais Georges va scier les barrières et ça réveille.

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