François-René de Chateaubriand
Les Martyrs Genre de texte Contexte Texte témoin
poème épique en prose
Cyrille, évêque de Lacédémone : «laissé pour mort par les bourreaux dans une persécution contre les Chrétiens, il avait été élevé malgré lui au sacerdoce» (Chateaubriand).
Les Martyrs, la Renaissance du livre, Paris, sans date, p. 54.
Des êtres lumineux
Cyrille, après avoir médité la parole de vie, se jeta sur une couche de roseaux. Mais à peine avait-il fermé les yeux, qu’il eut un songe : il lui sembla que les blessures de son ancien martyre se rouvraient, et qu’avec un plaisir ineffable, il sentait de nouveau son sang couler pour Jésus-Christ. En même temps, il vit une jeune femme et un jeune homme resplendissants de lumière monter de la terre aux cieux : avec la palme qu’ils tenaient à la main ils lui faisaient signe de les suivre; mais il ne put distinguer leur visage, parce que leur tête était voilée. Il se réveilla plein d’une sainte agitation; il crut reconnaître dans ce songe quelque avertissement pour les chrétiens. Il se mit à prier avec abondance de larmes, et on l’entendit plusieurs fois s’écrier dans le silence de la nuit : «Ô mon Dieu, s’il faut encore des victimes, prenez-moi pour le salut de votre peuple !»