Timothy Findley

Pilgrim

Canada   1999

Genre de texte
Roman

Contexte
La scène se passe en juillet 1533. Manolo est un berger qui vit près d’Avila. Il souffre de paralysie cérébrale et ne peut marcher qu’avec des béquilles. Il est hébergé dans une ferme qui appartient au père de la future Thérèse d’Avila. A la suite de ce rêve, il suppliera Thérèse de faire un miracle en sa faveur, mais en vain.

Texte original

Texte témoin
HarperFlamingo, 1999, p. 328. (traduction française : C.V.)




Vision de Manolo

Un incendie

Le mardi, Manolo s’est installé dans l’étable. Le mercredi, ses nouvelles béquilles étaient prêtes. Cette nuit-là, Manolo eut un rêve dans lequel — miracle de miracle — il était capable de marcher avec aisance et grâce, et sans aucune aide de quelque sorte que ce soit.

Le reste du rêve était confus — et tout à fait hors des capacités de compréhension de Manolo.

Il se trouvait dans un lieu étrange, portant des vêtements encombrants, et tout autour de lui grouillait une foule de gens — parmi lesquels il ne reconnaissait personne. Certains étaient habillés comme des soldats — mais non comme des soldats que Manolo aurait déjà vus. D’autres lui étaient plus familiers — des prêtres d’une sorte quelconque, dont les voix s’élevaient en chants sacrés. Beaucoup dans la foule portaient des croix, tandis que d’autres avaient les bras remplis de cadeaux — tableaux dans des cadres dorés, riches vêtements — et même des meubles, dont certaines pièces étaient si richement décorées que Manolo se demandait à quoi elles pouvaient bien servir.

À un moment du rêve, il s’est trouvé lui-même en train de contempler quatre anges — tous habillés en blanc avec d’énormes ailes et portant sur leurs épaules le portrait d’un enfant. Ce devait être le Sauveur, Jésus-Christ lui-même, dans ses langes.

Soudain, le silence est tombé. Et un calme — qui devait bientôt être rompu par le craquement des flammes. Manolo s’est retourné et a regardé avec incrédulité. Une montagne de feu se dressait au-dessus de lui, dont la chaleur brûlante forçait tout le monde à reculer. En tournant sur lui-même pour s’en éloigner, il a été confronté aux yeux d’un homme, fixes et menaçants, qui le regardaient par-dessous le large rebord d’un chapeau sombre. Ce n’était pas quelqu’un qu’il ait vu auparavant.

Manolo commença à courir — une expérience qui lui était si étrangère qu’il aurait aussi bien pu se mettre à voler. Il courut à travers des rues non identifiées — derrière des immeubles qui n’avaient pas de noms et à travers une série apparemment illimitée de portes qui étaient ouvertes, jusqu’à ce qu’il se trouve lui-même au dessus d’un précipice — et il s’éveilla.

Il s’assit droit sur la paille de son lit d’étable. Il avait la peau et la chemise trempées de sueur, et il tremblait de tous ses membres dans l’air froid de la nuit.

Tout ce qu’il put penser fut : il y avait un feu et j’ai couru et marché et je n’avais pas de béquilles.

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