Artémidore

Jugements astronomiques des songes (II, c)

Grèce   125

Texte témoin
LES JUGEMENS ASTRONOMIQUES des Songes, par ARTEMIDORE, Auteur ancien et renommé. Plus Auguste Niphe des Divinations, & Augures, par Anthoine du Moulin. A TROYES, Chez NICOLAS OUDOT, demeurant en la ruë Notre Dame : au Chapon d’Or Couronné, 1634.

Premier livre
I b. Des arts, ouvrages et exercices
II a. Des activités usuelles
II b. Des animaux
II c. De naviguer
II d. Des lieux de plaidoirie
III a. Du jeu
III b. Des plantes
IV a. De la variété des songes
IV b. Des choses qui adviennent
V. Exemples de songes

Bibliographie
Pour une version moderne et intégrale de cet ouvrage :
Artémidore :La clef des songes. Onirocritique, traduit du grec par Jean-Yves Boriaud, Paris, Arléa, 1998.

Artémidore, La clef des songes , traduit par A.J. Festugière. Paris, Vrin, 1975.

Texte original




Règles d'interprétation

[5/11]

De Naviguer.
Songer de bien naviguer est bon à tous, mais être en tempête sur fleuve ou sur mer est mauvais, et signifie tristesse et péril. Faire naufrage, le navire étant renversé ou rompu, est dangereux aussi à tous, fors à ceux qui sont détenus par force, car cela leur signifie relâche et liberté. C’est toujours meilleur de naviguer en grand navire, et qui a bonne charge. Aussi il est meilleur de songer qu’on navigue par mer que par terre. Vouloir naviguer et ne pouvoir, c’est empêchement d’affaires, voir de terre navires sur mer, naviguant à leur aise, est bon à tous, et signifie voyager, ou retour de voyage, ou messager, et nouvelles de mer. Navires partant du port signifient le contraire car le port artificiel signifie toujours les amis et bienfaiteurs. Les cordes qui tiennent les navires à terre, sont dettes ou détention. Les mâts signifient le maître de la maison ou patron de galère. Voir quelque partie de navire brûler signifie danger qu’elle ne se trompe de cette part, ou danger de celui qui par cette part de navire serait signifié et entendu.

De l’agriculture.
La charrue est bonne pour noces, génération, affaires, mais requiert du temps. Le joug est bon, sauf aux serfs car il empêche la liberté, partant il leur serait meilleur de le voir rompu. La faux, c’est dommage car elle coupe tout et signifie le temps six mois. La cire, c’est la femme, et le profit d’elle. Le coutre ou soc de charrue, la pelle de bois, le van ou crible, c’est dommage et perte. La charrette, c’est la vie de celui qui songe. Songer vendanger ou moissonner hors temps, c’est que les affaires seront retardées jusques à ce temps qu’on a de coutume vendanger, moissonner. Gerbe de blé, ou semblable grain, sont aussi empêchements car ce n’est pas nourriture prête. Fosses en terre, sillons et cavernes, ou sont semés les grains signifient la femme, la vie, ou les biens de celui qui aurait songé. Les haies, les clôtures ou fossés, aux limites et confinement des héritages, sont mauvais. Toutefois à ceux qui sont en crainte, ils signifient sûreté : ils empêchent de voyager, mais en d’autres affaires ils signifient amis, aide ou support en cas de nécessité.

Des Arbres.
Les chênes sont les riches gens, et aussi les vieillards. L’olivier, c’est la femme, le combat, la royauté ou la liberté. Et partant il est bon de le voir bien fleuri, portant fruit de saison beau et mûr. Abattre les olives par terre ou marcher dessus, c’est peine ou fâcherie. Le laurier, c’est la femme riche et belle; c’est aussi mauvaise issue des affaires, à cause qu’il est amer, mais aux médecins, poètes et devins, cela se réfère à leur art. Les cyprès, c’est patience et retardement. Orangers, grenadiers, pommiers, poiriers se doivent estimer comme leur fruit, dont nous avons parlé au premier livre sur le propos des viandes. Peupliers noir, et ormes, frênes et autres semblables, sont bons seulement aux soldats, aux menuisiers et charpentiers, aux autres c’est pauvreté, à cause que ce sont des arbres sans fruit. Buis sont femmes lascives et sont bon à ceux qui veulent entreprendre quelque affaire et aux malades; aux autres, c’est peine et labeur.

De la Fiente.
Bouse de vache et fiente de cheval, et toute autre, sauf l’homme : est bonne seulement aux Laboureurs. Aux autres, c’est tristesse et dommage; et même, si elle nous dévaste, c’est maladie. On a expérimenté que c’est profit à ceux qui sont de vil état. Voir de la fiente d’homme en abondance, c’est abondance de maux; si la même chose est fouillée, c’est très mauvais. Faire son ordure en sa chambre, c’est grande maladie, ou divorce de femme, ou d’amis, ou changement de logis. C’est très grand danger de songer de lâcher le ventre en l’Église, au marché, aux étuves, c’est honte, dommage et révélation de secrets, mais lâcher le ventre bien à son aise et beaucoup en un endroit caché, ou en un pot à pisser, est bon à tous car c’est signe d’allégeance, décharge de souci et d’affaires. J’ai connu aussi que c’est bon de se lâcher aux rivages, aux champs, chemins, fleuves, aux étangs : c’est pareil que songer au Garde-manger.

Des Fleuves, Étangs, fontaines et puits.
Rivières ayant leur eau claire et nette, coulant doucement, sont bonnes aux serfs et à ceux qui ont procès ou à ceux qui veulent voyager : car elles signifient et représentent les maîtres et Juges qui font ce qu’ils veulent, et aussi les voyages, à cause qu’elles coulent toujours. Mais si la rivière est laide ou impétueuse, c’est le contraire, cela signifie menaces de maîtres, de Juges, ou empêchement de voyage. C’est encor pis si la rivière semble emporter maisons, et héritages de celui qui songe, ou lui même aussi. C’est mauvais aussi d’être debout, en la rivière, dont les ondes écumeuses flottent contre la personne, et n’en pouvoir sortir : car à peine pourra-t-on souffrir ou supporter les maux qu’on aura, quelque courage que l’on ait. Les torrents sont juges rigoureux, maîtres fâcheux, assemblées, et noises, à cause de la violence, ou bruit très grand : il est bon de les passer à pied, ou en nageant. Nager en rivière, ou étang, c’est tomber en grand inconvénient. C’est toujours meilleur de nager sans cesse jusqu’au rivage, qu’être endormi en nageant. Rivière claire entrant en la maison, c’est la venue d’un riche homme de qui on tirera profit, mais trouble, violent, ou remuant les meubles de la maison, c’est violence de quelque ennemi. Rivière sortant de la maison du riche, c’est qu’il aura autorité en la ville, faisant beaucoup de largesse ou libéralités au pauvre, c’est que sa femme se gouverne mal. Voir autre eau que de rivière entrant en la maison, trouble, c’est doute de feu; mais belle et claire, c’est acquisition, possession et argent. Pareillement, voir en sa terre ou maison, ou puits, quelqu’un qui n’y était point auparavant, signifie aussi femme ou enfants à ceux qui n’en ont point. Voir un puits plein d’eau en la maison est bon, si elle ne s’épanche point par dessus, et que les étrangers n’en tirent ou puisent car ce serait perte de femme, d’enfants, ou biens. Un étang grand, c’est comme la rivière, sinon qu’il empêche de voyager, mais petit ou moyen c’est femme riche et joyeuse, aimant ses plaisirs. C’est très bon de nager en étang ou rivière, mais non pas naviguer. Fontaines et sources abondantes de bonne eau, sont bonnes à tous, mêmes aux malades, ou pauvres, leur annonçant santé richesse mais taris c’est le contraire.

Des marais, montagnes, chemins, et bois.
Marais, ou marécages, sont bons seulement aux pasteurs. Aux autres ils sont empêchements. Montagnes, vallées, bois, landes, sont tristesse, craintes, trouble, plaies aux serfs, ou malfaiteurs et dommages aux riches. C’est le mieux toujours de les traverser, et non d’y demeurer, ni de sommeiller en chemin. Chemins larges, plats ou faciles, c’est allégresse de santé, ou d’affaires, et inversement.

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